Explanations in French |
3 (de nendra : la variole). Les épidémies de variole ont laissé de profonds souvenirs dans la mémoire des Malgaches. Une des plus meurtières et qui, de plus, survint au moment où le grand roi Andrianampoinimerina s'emparait de Tananarive, reçut même un nom particulier : lavirabe (de lavira, nom ancien de la variole). On en retrace l'histoire au vol. 2 des Tantaran'ny Andriana. Le roi fut contraint de prendre des mesures extrêmement sévères : les malades furent enterrés vivants et il fut interdit sous peine de mort, de déterrer leurs cadavres ; tous leurs biens furent brûlés. Lorsque ces mesures draconiennes eurent enrayé l'épidémie, le roi créa les tany maty (terres mortes) où les varioleux étaient conduits sous bonne garde et maintenus hors de la société. Un de leurs parents pouvait leur y apporter de la nourriture et les soigner, mais il devait s'abstenir de fréquenter les lieux publics et les marchés et il devait se livrer à toute une série de purifications après chaque visite à la « terre morte ». Les morts de variole ne pouvaient entrer au tombeau ancestral et devaient être enterrés sur place, dans les « terres mortes ». On appelait tsobo, les gens envoyés ou volontaires pour soigner les varioleux (c'était aussi le nom donné aux parlementaires envoyés auprès de l'ennemi pour conclure une trève). Leur état de santé était suivi de tous. Si le varioleux que soignait un tsobo guérissait, tous deux pouvaient sortir de la « terre morte », après avoir brûlé leurs vêtements et s'être purifiés. Ils devaient encore séjourner un mois dans un gîte intermédiaire et se baigner tous les jours avant de regagner leur village. Au 18e Siècle, on pensait que la variole, comme l'épilepsie, n'avaient pas de remèdes. Plus tard, l'idole Rabehaza, l'un des sampy royaux, fut officiellement chargé de la protection des varioleux. Voir G. Mondain : Note sur l'idole Rabehaza, Bulletin Académie Malgache 5 (1907) p. 73. Le gardien de cette idole fut, en quelque sorte responsable de la surveillance des épidémies. Ce sont les talismans ayant fait partie de l'attirail de l'idole et vendus par son gardien qu'on considéra alors comme des odi-nendra. Toutefois, on préparait des onguents pour éviter que la variole ne marque trop la figure des malades. Voir mandrirofo. [1.196]
|